A l’orée de sa vie, toute personne est confrontée à l’heure de sa mort, ses proches également tout autant que le corps médical qui constitue souvent la dernière autorité susceptible de poser une parole forte à l’occasion de ce mystère de la vie. L’environnement culturel et religieux constitue un socle sur lequel les Japonais s’appuient pour le grand passage. Le bouddhisme et le shintoïsme, religions dominantes au Japon, apportent des éléments de réponse qui, s’ils donnent une explication au mystère de la mort, sont-ils vraiment susceptibles d’apporter la paix ou la sérénité à ceux qui s’en vont comme à ceux qui restent ? Et qu’en est-il des Japonais qui ont accueilli le Christ comme sauveur ? Voici quelques pistes de réflexion glanées lors d’une conférence à caractère médical donnée à Otaru le 17 mars 2018.
Monsieur Takamura a débarqué dans l’église de Tomioka à Otaru vers 10 heures 40, alors que je saluais la communauté. Je le salue pareillement et en me montrant un prospectus, il me demande s’il peut faire la publicité de l’événement qu’il présente. Je ne suis pas opposé, a priori, quoique j’aie besoin d’en comprendre un peu plus. Monsieur Takamura est médecin spécialisé dans les soins aux personnes en fin de vie. Chaque année, avec le concours du syndicat des médecins de la ville d’Otaru, il organise un colloque public sur ce thème.
On dit assez volontiers qu’au Japon, la population a l’une des espérances de vie les plus longues au monde, et qu’à ce titre, il mérite qu’une attention particulière soit portée aux personnes en fin de vie. C’est une affirmation biaisée dans la mesure où le taux des personnes en fin de vie par rapport au nombre des naissances tend absolument vers 1. Seule la moyenne d’âge de celles-ci peut varier d’un pays à l’autre.
En tout état de cause, dans l’environnement surmédicalisé japonais, la prise en charge des personnes en fin de vie, quelque soit leur âge donc, s’est technicisée au fil des capacités technico-médicales avancées dont dispose ce pays au risque de voir émerger une forme de déshumanisation. En effet, il n’est plus rare de ne plus pouvoir mourir dans sa maison auprès des siens, mais plutôt entouré d’écrans, de bipes et de durites.
En sa qualité de médecin versé dans l’accompagnement et les soins des personnes mourantes, monsieur Takamura connait le traitement et le geste adaptés médicalement mais avoue ses limites quant au mystère qu’elles constituent à ce moment particulier de leur vie. Le soin qu’il sait apporter au corps souffrant ne concerne pas, en définitive, la personne qu’il soutient encore vaille que vaille.
Alors même qu’il s’interroge à titre personnel, il est régulièrement confronté à cette prise de conscience particulière à laquelle il doit apporter une parole juste, et pour laquelle aucun traitement médical n’est approprié : « Docteur ! Je vais mourir ? ». Parce que c’est à lui qu’on le demande. Je ne sais pas précisément ce qu’il répond lui-même en pareille situation, mais voici deux styles de réponses japonaises, d’un point de vue médical : « Bien-sûr, tout le monde meurt, ne vous inquiétez pas ! » Ou encore « Les autres meurent, mais vous, vous ne mourez pas ! Tout simplement parce que vous ne pouvez pas savoir que vous êtes mort. Parce qu’à ce moment précis, vous n’êtes plus là. Vous n’avez aucune conscience d’être mort, donc vous ne mourez pas... Ne vous inquiétez pas ! » Le point commun de cette réponse à l’emporte-pièce ou de cette réponse alambiquée, c’est : « Ne vous inquiétez pas ! » ; réponse faite à une personne qui, justement, s’inquiète par une autre qui est en réalité étrangère au problème... S’il n’est pas compliqué de constater combien ces réponses n’atteignent pas leur objectif, il est aussi facile de remarquer qu’elles ne sont finalement pas du domaine de compétence de celui qui les profère. Elles révèlent le seuil au delà duquel le mystère s’établit. Mais comme c’est bien au médecin que la question est posée parce que c’est lui qui s’occupe, en dernier recours, du corps qui se dérobe, c’est à lui que revient la difficile tâche de répondre à ce genre de question, plus ou moins adroitement.
Au delà des soins prodigués au corps souffrant, comment magnifier la dignité de la personne en fin de vie ? Ainsi peut-on définir le défi que se propose de relever monsieur Takamura. Il a donc décidé de demander aux représentants locaux des différentes traditions culturelles et religieuses d’apporter leur contribution à ce sujet, considérant que celles-ci constituaient le prisme à travers lequel la dignité humaine est susceptible de transparaître. Et particulièrement, il a demandé à un autre médecin, le docteur Harutsugu Yamaura, poète, philosophe, titulaire du prix littéraire Bunkamura des deux magôts en 2014, et chrétien, de donner la conférence sur ce thème.
C’est donc en présentant sa tête d’affiche qu’il justifiait sa demande. Pensez-vous ! Un conférencier chrétien, c’est suffisamment rare pour justifier sa publicité dans l’église de Tomioka. J’ai évidemment accepté.
Monsieur Yamaura s’est vu confier la redoutable tâche de donner du contenu au mystère de la dignité humaine des personnes en fin de vie. « Ce qui est important à la fin de la vie. » Tel était le sujet de sa conférence. Il a tenté de répondre à la question suivante : « Dans quel but l’Homme vit-il ? ».
D’emblée, la tâche s’avère ardue. Cependant, la bonhommie contagieuse de monsieur Yamaura, malgré un âge relativement avancé, son allure décontractée augmentée d’un sourire enjôleur nous promettent une conférence plus légère que le sujet ne le laissait présager ; comme s’il avait pour lui-même déjà intégré la substance de son propos. De fait, on a bien rigolé.
Pour être tout à fait honnête, une autre forme de réponse convoque la tradition religieuse locale, commune, au minimum culturellement, à tous les Japonais. Elle consiste à dire quelque chose dans ce genre-ci : « Bien sûr que vous allez mourir. Mais vous allez voir, votre assise sur le trône du lotus vous sera si agréable que vous ne voudrez jamais revenir. Vous chanterez des sutras au Bouddha et ce sera merveilleux. »
Au Japon non plus, l’Homme n’est pas qu’une machine biologique qui se détraque à l’heure de la mort. L’environnement culturel et religieux définit le creuset dans lequel peut s’épanouir la vie humaine.
Or, cet environnement est bouddhiste pour une grande part. Un bouddhisme assaisonnée à la japonaise. Il convient sans doute de rappeler à très grands traits la pensée et l’imaginaire bouddhistes qui offrent de vivre une certaine espérance, notamment à l’heure de la mort.
Le monde est composé de six mondes organisés verticalement. Au gré des renaissances, selon la qualité morale de sa vie présente, on renaîtra dans un monde plus favorable ou moins digne. Au sommet de cette montagne de vie se situe le monde des dieux, alors qu’au bas de celle-ci règnent les enfers. Le monde des hommes est l’antichambre de celui des dieux. Chacun de ces mondes, y compris celui des dieux, est contraint par le cycle des renaissances, si bien que l’accès au monde divin n’est pas synonyme de salut. Le véritable salut consiste à être libéré de ce cycle de renaissances pour atteindre le « Nehan » [1], ou pour utiliser un terme plus connu, le « Nirvana », au delà du monde divin. Pour se faire, une seule méthode : éliminer absolument tout désir ; y compris celui d’atteindre ce fameux Nehan. Car les désirs sont sources de passions qui retiennent ceux qui les éprouvent dans les mondes inférieurs, prisonniers du cycle des renaissances. A ce jour, le personnage le plus connu, ayant franchi toutes ces étapes jusqu’à vivre l’illumination et qui ait atteint le Nehan est le Bouddha. La tradition bouddhiste est évidemment fondée sur son histoire et son expérience. Dans le bouddhisme japonais, l’intercession auprès du Bouddha offre une sorte de raccourci ; il ouvre une voie vers laquelle les hommes peuvent s’engager afin d’éviter un nombre incalculable de renaissances...
Comptant sur l’intercession du Bouddha, il semble que la réponse du médecin évoquant l’imaginaire religieux fait référence à cet univers culturel commun aux Japonais. La disparition dans le non-être n’étant pas tout à fait sure, l’espérance est donc permise pour une personne en fin de vie.
En parallèle, la tradition shintoïste offre une voie originale qui, se greffant à la voie bouddhiste, découvre une perspective particulière.
La personne morte ici ne renait pas. Le corps, voué à la dégradation, se sépare de l’âme qui, elle, erre pendant 49 jours sur le balcon de la maison, le temps pour elle de régler ses affaires avec sa famille restée ici-bas. Ces « affaires », étant un fardeau ou un attachement, l’empêchent d’atteindre le paradis du Bouddha. La souffrance de cette âme errante devient ainsi pour toute la famille restante source de tourments. Elle se doit donc de faire son possible pour permettre à cette âme de se libérer de son fardeau. Elle fait donc appel à un médium par le truchement duquel ce que l’âme errante doit dire à chacun des membres de la famille lui sera transmis. Au quarante-neuvième jour, la récitation de quelques sutras par un moine mandaté permettra d’envoyer enfin cette âme errante au paradis, lequel est disposé sur quelque montagne sacrée des environs. Cette âme libérée va progressivement, le temps aidant, perdre son individualité et rejoindre, au bout de cinquante ans, la foule des « ancêtres » dont le rôle est de protéger la descendance.
Cette conception du monde semble différer radicalement de l’orthodoxie bouddhiste dans la mesure où elle donne d’une part naissance au culte des ancêtres, mais encore qu’il n’est plus question ici du cycle des renaissances.
Cependant, il convient de poursuivre notre réflexion au sujet de la mort des personnes dont la vie a été mouvementée de manière exceptionnelle, et qui pour cette raison n’ont pas eu l’heur d’une mort paisible.
Sont rassemblés ici les ennemis, les meurtriers (à cause de leur conduite répréhensible), mais surtout leurs victimes, à juste titre très en colère, envers lesquels ils ont une dette irrépressible. Sont adjoints ici aussi toutes les personnes dont la vie a été prise à l’occasion d’un accident ou d’une catastrophe naturelle.
Les unes et les autres, n’ayant pas bénéficié d’une mort paisible, sont à l’origine, du fait de l’exceptionnelle souffrance de leur âme, de la multiplication des tourments qu’ils infligent ici-bas, qu’il nous faut considérer comme des appels désespérés pour s’extirper de cette souffrance.
Ainsi, pour répondre à cet appel afin qu’elles rejoignent malgré tout le paradis et surtout éviter leur mauvaise influence ici-bas où le malheur s’ajouterait au malheur, le shintoïsme a inventé une voie originale : la déification.
C’est ainsi qu’à travers tout le Japon ont été établis des temples shintoïstes afin de rendre un culte à ces âmes tourmentées en les déifiant et obtenir d’elles la paix ; en une forme de marché donnant-donnant : « Vous êtes des dieux auxquels nous rendons un culte ; alors laissez-nous en paix ! ».
Ce sont bien les souffrances d’ici-bas dont on veut se protéger ! L’élaboration séculaire de cette conception du monde prétend dans le même mouvement donner une explication au mal et aux souffrances tout autant qu’une manière de les juguler. Si le bouddhisme traditionnel, par l’élimination du désir, offre une voie exigeante, le shintoïsme se débarrasse de ses étapes inaccessibles. Dans un cas les moyens, dans l’autre, les fins se retrouvent : alléger les souffrances d’ici-bas. Avec cette inquiétude lancinante : « En avons-nous fait assez ? » Force est de constater que nous sommes toujours soumis aux difficultés, aux souffrances, et à la mort. La surenchère cultuelle le dispute ainsi à une culpabilité récurrente : si ce n’est la peur, c’est la crainte de ne pas en avoir suffisamment fait pour obtenir des défunts leur repos dans le paradis du Bouddha tout autant que leur bienveillance ici-bas : si nos tourments manifestent les leurs, notre paix est aussi le signe de leur repos... L’honneur rendu aux défunts (y compris voire surtout jusqu’aux criminels de guerre) en les déifiant, permet de s’accorder leur bienveillance et d’éviter leur malédiction. Le culte et l’honneur rendus aux défunts, puis aux ancêtres, ont pour objectif prégnant d’équilibrer la vie des descendants ici-bas. C’est un point central de la compréhension du culte des ancêtres.
Monsieur Takamura, en demandant à monsieur Yamaura de rappeler l’environnement culturel et religieux des Japonais, est bien conscient que l’accompagnement des personnes en fin de vie, suivant leur foi ou leur philosophie sera décliné de différentes manières. A la promesse d’un néant inconscient succède une consolation enjolivée ; ni l’un ni l’autre ne sont satisfaisants considérant que la mort semble être finalement l’entrée vers un nouveau combat dont l’issue heureuse dépend pour une grande part du devoir des descendants. En attendant, la paix et la sérénité semblent finalement assez inaccessibles et chimériques... Et c’est bien là le problème !
Alors ! Pourquoi vit-on ? Monsieur Yamaura apporte une réponse chrétienne et surprenante : « Pour être honoré » [2]. Sans être éloigné de la dispute entre Jésus et ses disciples à propos de celui qui veut être le plus grand, il convient de remarquer que Jésus ne morigène pas l’un ou l’autre de ses disciples en lui reprochant de vouloir être le plus grand, mais de ne pas savoir comment le devenir. C’est ainsi qu’il leur indique une méthode : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10,43-45).
La manière japonaise d’être honoré consiste à exister, par la crainte ou la bienveillance, aux yeux des siens ; que l’on soit vivant ou mort. Ce n’est pas incompatible avec l’Evangile. « Devenir grand » à la manière de l’Evangile ne consiste-t-il pas à exister aux yeux de Dieu et des siens ? La méthode enseignée par le Christ diffère puisqu’il s’agit, en se faisant « serviteur », d’aimer.
Carte postale…
En Occident, nous aimons collectionner les idéogrammes tels des clins-d’œil exotiques. Le caractère signifiant « amour » 「愛」 tient son rang chez les éditeurs de cartes postales. Il est utilisé dans la traduction la plus commune de la Bible ; c’est d’ailleurs celui-ci que l’on met dans la bouche du Christ lorsqu’il nous invite à nous aimer les uns les autres. Malheureusement, les nuances qu’il véhicule, en japonais, trahissent la porté que semble lui donner le Christ. Il comporte deux défauts principaux. D’une part il ne s’agit pas d’un amour désintéressé, il doit rapporter quelque chose à celui qui aime ou combler son désir. En ce sens, il est aussi un obstacle pour une personne pétrie de pensée bouddhiste car il s’oppose à l’anéantissement du désir. D’autre part, dans une culture dont les relations interpersonnelles sont ordonnées verticalement, il s’agit plutôt d’un amour d’une personne d’un rang supérieur vers une personne d’un rang inférieur. (Un autre caractère que l’on pourrait traduire par « adorer » 「慕」exprime l’amour orienté dans la direction contraire.) La réciprocité est difficile à concevoir. Il y a presque un contre-sens à vouloir l’employer dans l’expression « Aimez-vous les uns les autres » où la verticalité est absente. Plus encore, si le chamboulement des rangs sociaux auquel Jésus appelle ses disciples en les invitant à se faire serviteurs est concevable, qu’ils deviennent serviteurs « aimant » est incompréhensible si l’on utilise ce caractère pour l’expliciter.
Cela ne signifie pas que nous sommes arrivés à une impasse. La langue japonaise regorge de subtilités qui peuvent nous tirer d’affaire. C’est d’ailleurs au XVIe siècle que la solution a été trouvée, par les premiers missionnaires portugais. Plutôt que d’utiliser ce caractère source de confusion fâcheuse, ils ont traduit l’amour dont parle le Christ par une expression, à première vue, banale signifiant peu ou prou que l’on fait de celui qu’on aime quelqu’un d’important, sans convoquer d’affects émotionnels ou hiérarchiques : l’amour qui lui est porté lui confère une existence importante, il existe aux yeux de celui qui l’aime, simplement [3] .
Expliciter autant que faire se peut le sens exact des expressions bibliques afin qu’elles puissent résonner justement dans l’esprit des Japonais est un enjeu crucial. Il en va de l’amour de Dieu comme du concept de « Royaume de Dieu » [4]. Une traduction littérale laisse imaginer un au-delà qui serait un lieu, un autre monde, vers lequel on se dirigerait après la mort. En tout état de cause, un futur inaccessible dans notre situation actuelle. Même si ce n’est pas faux, en rester là serait se méprendre sur la promesse biblique. De même que l’amour de Dieu a été traduit d’une manière particulière, monsieur Yamaura a trouvé une expression japonaise, sans doute déroutante pour un esprit occidental, qui puisse être signifiante pour ses compatriotes [5]. Il s’agit ici de montrer combien Dieu lui-même est impliqué dans la tenue de son Royaume d’une part, et que d’autre part, son Royaume n’est pas à atteindre dans un au delà futur, mais qu’il est actuel dans le présent de notre monde, notamment par l’amour que nous partageons ici-bas.
Ceci est une révolution dans l’environnement shinto-bouddhiste d’un Japonais qui accueille le Christ comme source du salut.
On peut considérer à juste titre que la praxis est analogue : d’un côté les actions justes et bonnes pour tous, et de l’autre l’invitation à l’amour mutuel désintéressé. Dans un cas comme dans l’autre il en résulte, sous couvert de déclinaisons locales spécifiques, une manière positive et harmonieuse de vivre les uns avec les autres. Tout compte fait, ces grands courants culturels et religieux, qu’ils soient occidentaux ou orientaux, ont bien évidemment généré pour les peuples qui les ont portés des manières de vivre respectables. Il en va bien différemment en terme de sotériologie. Si dans le shinto-bouddhisme japonais les actions bonnes et justes d’une personne de son vivant ou le culte de ses descendants après sa mort « méritent » si possible son accès au paradis du Bouddha, l’amour mutuel et désintéressé de celui qui a accueilli le Christ comme sauveur est déjà la réalisation ici-bas du Royaume promis tout autant que l’espérance de son éternité.
Pour résumer à outrance (et donc en prenant le risque de déformer), dans un cas on « obtient », dans l’autre on « accueille ».
Alors, après avoir replacé les différents enjeux religieux, nous en revenons à la question primordiale, dont la réponse permettra à une personne en fin de vie de passer le cap... « Pourquoi vit-on ? » celle que donne monsieur Yamaura semble universelle quoiqu’elle soit bien japonaise : « Vivre toujours de manière lumineuse et joyeuse ». Dans la tradition bouddhiste, cette manière de vivre suggère justement une voie qui, au sein de la vie quotidienne, manifeste la paix et la sérénité. Bien plus elle est une voie vers le détachement de toute chose, y compris du désir et même de la mort. Vivre habituellement de manière lumineuse et joyeuse ? Voilà bien une raison suffisante pour vivre ici-bas, et de continuer, même après la mort...
Pour être tout à fait précis, comme les expressions précédentes à propos de l’amour ou du royaume de Dieu, celle-ci est sa traduction explicite de « la vie éternelle » [6]. Vivre toujours lumineusement et joyeusement... Un chrétien, y compris un chrétien japonais, en vivant de cette manière a déjà accueillie la vie éternelle, laquelle évidemment perdure au delà de sa mort.
Notez bien
[1] 「涅槃」 [2] 「褒められるため」 (homerarerutame) [3] 「大切にする」(taisetu ni suru) [4] 「神の国」 (kami no kuni) [5] 「神様のお取り仕切り」 (kamisama no otorishikiri) [6] 「永遠の命」(eien no inochi)