Lorsque Pierre Mounicou (1825-1871) arriva au Japon en 1856, comme dit la chanson « il était jeune. Il était beau et sentait bon le zèle apostolique », ce missionnaire imberbe.
Après être passé du nord (Hokkaïdo à Hakodaté) au sud du Japon (Okinawa à Nara) le Père Mounicou est appelé à Yokohama, chargé officiellement aux yeux de l’autorité japonaise du soin des quelques catholiques étrangers. Mettant à profit sa connaissance du japonais il édite un livre de prières et un catéchisme sommaire avec questions et réponses. Puis en 1862, il mène rapidement à bien la construction de l’église du Sacré-Cœur sur un terrain de la concession réservée aux résidents étrangers. Puis en 1867, il retourne à Hakodaté pour y construire un presbytère et laisser pousser sa barbe.
En avril 1868 à 43 ans avec une belle barbe noire bien fournie, il se rend dans la région du Kansaï, à Kobé précisément où un nouveau port vient tout juste d’être inauguré. Une terre de mission totalement vierge s’ouvre devant lui. Tout de suite, il se fait remarquer par sa grande taille, sa soutane et ses cheveux noirs comme ceux des Japonais. Les persécutions chrétiennes n’ayant pas encore pris fin, c’est avec prudence que le père Mounicou tente quelques approches auprès des Japonais. Ceux-ci l’assimilent très vite « aux baterens de Nagasaki » nom donné jadis aux prêtres portugais du Japon. A l’automne de la même année, il achète dans la concession réservée aux résidents étrangers un terrain de 1500 km2 pour la somme de 927 yens. Tout en formant en catimini quelques Japonais désireux de connaître la foi, en 1870, il achève la construction de la première église de Kobé, placée sur la protection de Notre Dame des sept douleurs. Le père Mounicou mourra en octobre 1871 dans la force de l’âge mais totalement épuisé, terrassé semble-t-il par une leucémie.
Le diocèse d’Osaka sort à peine des cérémonies de la béatification de Takayama Ukon, reconnu comme martyr, que déjà il est en ébullition pour célébrer en grande pompe les 150 ans de ses origines. Mgr Maéda Manyo veut tirer profit de cet anniversaire pour entreprendre une nouvelle évangélisation dans son diocèse. Dans ce but un livre souvenir racontant la vie du Père Mounicou et de Takayama Ukon, présentant l’histoire des paroisses et des ordres religieux et missionnaires œuvrant dans le diocèse ainsi que, les grands événements de son passé sera publié en Juin prochain. Une prière spéciale et 16 lieux de pèlerinage sont aussi proposés pour vivre plus spirituellement cet anniversaire et obtenir selon notre évêque un esprit et un zèle nouveau.
Est-ce un pur hasard ou une astuce de l’Esprit Saint, cette année le pape François nous offre deux évêques supplémentaires après avoir nommé cardinal notre archevêque Mgr Maéda. Riche désormais de 4 évêques Mgr Ikénaga retraité, Mgr Maéda, Mgr Sakaï et Mgr Abella, le diocèse d’Osaka compte pour 82 paroisses 48 994 chrétiens, 162 prêtres (plus des deux tiers sont des étrangers) dont 112 appartiennent à un ordre religieux et 603 religieux dont 585 femmes. Mgr Maéda est originaire de Nagasaki, il est connu comme fils de pêcheur, grand amateur de pêche lui-même, et poète. Il sème à tout vent des haïkus dans ses sermons, ses écrits et la plupart de ses discours.. Se sont de petits poèmes extrêmement brefs visant à dire et célébrer l’évanescence des choses. Le haïku se compose de trois vers de 5-7et 5 syllabes. Même en nous montrant leur calligraphie en grand format, les haïkus de notre archevêque sont revêtus d’un certain mystère et nécessitent souvent des explications.
Mgr Maéda aimerait ouvrir un petit séminaire. Un désir qui est plutôt utopique puisque les enfants délaissent de plus en plus nos églises. Il souhaite que l’accent soit mis sur l’enseignement du catéchisme et que la collaboration entre prêtres soit elle aussi mieux adaptée au charisme particulier et à la liberté de chacun d’eux. Il souhaite pour cela que l’on repense le rôle spécifique des prêtres et des conseils paroissiaux selon le droit canon romain. La mise en place de tout cela demandera du temps, mais la messe d’ouverture du 17 Mai a donné à tous une « poignée d’élan », une grande espérance et le désir réel de coopérer au renouveau évangélique et pastoral du diocèse d’Osaka.