Béatification de Takayama Ukon

Les 150 ans du diocèse d’Osaka

Par Gérard Gouineau

4 septembre 2018

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Lorsque Pierre Mounicou (1825-1871) arriva au Japon en 1856, comme dit la chan­son « il était jeune. Il était beau et sen­tait bon le zèle apos­to­li­que », ce mis­sion­naire imberbe.

Père Mounicou

Pierre Mounicou peu après son ordi­na­tion (sans barbe) en 1848

Après être passé du nord (Hokkaïdo à Hakodaté) au sud du Japon (Okinawa à Nara) le Père Mounicou est appelé à Yokohama, chargé offi­ciel­le­ment aux yeux de l’auto­rité japo­naise du soin des quel­ques catho­li­ques étrangers. Mettant à profit sa connais­sance du japo­nais il édite un livre de priè­res et un caté­chisme som­maire avec ques­tions et répon­ses. Puis en 1862, il mène rapi­de­ment à bien la cons­truc­tion de l’église du Sacré-Cœur sur un ter­rain de la conces­sion réser­vée aux rési­dents étrangers. Puis en 1867, il retourne à Hakodaté pour y cons­truire un pres­by­tère et lais­ser pous­ser sa barbe.


Père Mounicou

Et à son arri­vée à Kobé 1868 avec une barbe

En avril 1868 à 43 ans avec une belle barbe noire bien four­nie, il se rend dans la région du Kansaï, à Kobé pré­ci­sé­ment où un nou­veau port vient tout juste d’être inau­guré. Une terre de mis­sion tota­le­ment vierge s’ouvre devant lui. Tout de suite, il se fait remar­quer par sa grande taille, sa sou­tane et ses che­veux noirs comme ceux des Japonais. Les per­sé­cu­tions chré­tien­nes n’ayant pas encore pris fin, c’est avec pru­dence que le père Mounicou tente quel­ques appro­ches auprès des Japonais. Ceux-ci l’assi­mi­lent très vite « aux bate­rens de Nagasaki » nom donné jadis aux prê­tres por­tu­gais du Japon. A l’automne de la même année, il achète dans la conces­sion réser­vée aux rési­dents étrangers un ter­rain de 1500 km2 pour la somme de 927 yens. Tout en for­mant en cati­mini quel­ques Japonais dési­reux de connaî­tre la foi, en 1870, il achève la cons­truc­tion de la pre­mière église de Kobé, placée sur la pro­tec­tion de Notre Dame des sept dou­leurs. Le père Mounicou mourra en octo­bre 1871 dans la force de l’âge mais tota­le­ment épuisé, ter­rassé semble-t-il par une leu­cé­mie.

Le dio­cèse d’Osaka sort à peine des céré­mo­nies de la béa­ti­fi­ca­tion de Takayama Ukon, reconnu comme martyr, que déjà il est en ébullition pour célé­brer en grande pompe les 150 ans de ses ori­gi­nes. Mgr Maéda Manyo veut tirer profit de cet anni­ver­saire pour entre­pren­dre une nou­velle évangélisation dans son dio­cèse. Dans ce but un livre sou­ve­nir racontant la vie du Père Mounicou et de Takayama Ukon, pré­sen­tant l’his­toire des parois­ses et des ordres reli­gieux et mis­sion­nai­res œuvrant dans le dio­cèse ainsi que, les grands événements de son passé sera publié en Juin pro­chain. Une prière spé­ciale et 16 lieux de pèle­ri­nage sont aussi pro­po­sés pour vivre plus spi­ri­tuel­le­ment cet anni­ver­saire et obte­nir selon notre évêque un esprit et un zèle nou­veau.

Est-ce un pur hasard ou une astuce de l’Esprit Saint, cette année le pape François nous offre deux évêques sup­plé­men­tai­res après avoir nommé car­di­nal notre arche­vê­que Mgr Maéda. Riche désor­mais de 4 évêques Mgr Ikénaga retraité, Mgr Maéda, Mgr Sakaï et Mgr Abella, le dio­cèse d’Osaka compte pour 82 parois­ses 48 994 chré­tiens, 162 prê­tres (plus des deux tiers sont des étrangers) dont 112 appar­tien­nent à un ordre reli­gieux et 603 reli­gieux dont 585 femmes. Mgr Maéda est ori­gi­naire de Nagasaki, il est connu comme fils de pêcheur, grand ama­teur de pêche lui-même, et poète. Il sème à tout vent des haïkus dans ses ser­mons, ses écrits et la plu­part de ses dis­cours.. Se sont de petits poèmes extrê­me­ment brefs visant à dire et célé­brer l’évanescence des choses. Le haïku se com­pose de trois vers de 5-7et 5 syl­la­bes. Même en nous mon­trant leur cal­li­gra­phie en grand format, les haïkus de notre arche­vê­que sont revê­tus d’un cer­tain mys­tère et néces­si­tent sou­vent des expli­ca­tions.
Mgr Maéda aime­rait ouvrir un petit sémi­naire. Un désir qui est plutôt uto­pi­que puis­que les enfants délais­sent de plus en plus nos églises. Il sou­haite que l’accent soit mis sur l’ensei­gne­ment du caté­chisme et que la col­la­bo­ra­tion entre prê­tres soit elle aussi mieux adap­tée au cha­risme par­ti­cu­lier et à la liberté de chacun d’eux. Il sou­haite pour cela que l’on repense le rôle spé­ci­fi­que des prê­tres et des conseils parois­siaux selon le droit canon romain. La mise en place de tout cela deman­dera du temps, mais la messe d’ouver­ture du 17 Mai a donné à tous une « poi­gnée d’élan », une grande espé­rance et le désir réel de coo­pé­rer au renou­veau évangélique et pas­to­ral du dio­cèse d’Osaka.

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