Tokyo Aoyama

Mes sept premiers mois de missionnaire au Japon

Par Barthélemy Loustalan

10 juillet 2017

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Huit ans après une expé­rience de volon­ta­riat MEP, fraî­che­ment ordonné prêtre pour les Missions Étrangères de Paris, je par­tais au Japon, avec deux idées : me taire et appren­dre à aimer, me taire pour appren­dre à aimer.

La pre­mière chose que j’ai apprise auprès de mis­sion­nai­res, alors que je n’avais encore aucune idée que j’en devien­drai un moi-même, c’est à garder le silence. D’abord, cela semble facile, car les mis­sion­nai­res ont géné­ra­le­ment beau­coup de choses à raconter : ces voya­geurs hors du commun ont bien sou­vent mené des vies épiques. On com­prend ensuite que le silence des lèvres ne suffit pas : la mis­sion néces­site un silence inté­rieur, une dis­po­si­tion d’esprit qui consiste à obser­ver le monde sans le juger, à tenter de le regar­der pour ce qu’il est, sans le posi­tion­ner face à ce que nous sommes. Faire taire ses pré­ju­gés devient alors le vrai défi, tout par­ti­cu­liè­re­ment ceux dont on ignore l’exis­tence. Se taire, c’est une manière d’appren­dre à déco­der le monde d’une autre manière.
J’ai appris à me taire en vivant un an à Madagascar, en y par­lant trop vite, en y écrivant trop vite, en y jugeant trop vite. J’ai para­doxa­le­ment appris à me taire en ne me tai­sant pas. Je me retrou­vais alors contraint à assu­mer bien hum­ble­ment les erreurs que j’avais ainsi faites. En vivant un an à Madagascar comme volon­taire MEP, j’ai décou­vert qu’il exis­tait d’autres maniè­res de voir le monde, que la pâte humaine n’était pas telle que je la pré­sup­po­sais, et j’ai changé mon code de décryp­tage du monde, il s’avé­rait qu’il était moins uni­ver­sel que je ne l’aurais pensé. J’ai appris l’imper­fec­tion de mon regard sur le monde, l’imper­fec­tion de mon regard sur ceux qui étaient dif­fé­rents de moi. J’ai appris à chan­ger ce regard pour essayer d’aimer plus et d’aimer mieux, rédui­sant mes repè­res à un seul : Jésus Christ. J’ai appris à chan­ger mon regard pour le rap­pro­cher de celui qui avait vrai­ment aimé le monde, de celui qui avait aimé le monde jusqu’au bout.

Mon arri­vée au Japon

Huit ans plus tard, fraî­che­ment ordonné prêtre pour les Missions Étrangères de Paris, je par­tais au Japon, avec deux idées : me taire et appren­dre à aimer, me taire pour appren­dre à aimer. J’ai com­mencé cette aven­ture extra­or­di­naire en me tai­sant au sens propre. Et se taire prend du temps. J’ai alors décidé de partir en train, de tra­ver­ser deux conti­nents à une vitesse « humaine » si l’on peut dire. Je suis parti de l’Océan Atlantique, du bassin d’Arcachon très exac­te­ment, moi qui suis bor­de­lais, pour rejoin­dre l’Océan Pacifique, la baie de Tokyo, où m’atten- dait ma vie de mis­sion­naire, où m’atten­dait le Christ je le crois, pour appren­dre à aimer. Mes étapes furent Bordeaux, Paris, Moscou, et enfin Vla- divos­tok, grâce au mythi­que Transsibérien. Arrivé aux confins de ce qui fut naguère le « monde connu », j’ai pris un bateau jusqu’au port de Sakaïminato, sur la côte ouest du Japon, en fai­sant escale en Corée. De là, les trains japo­nais me por­tè­rent jusqu’à Tokyo où je devais com­men­cer à appren­dre, quel­ques jours plus tard, les pre­miers rudi­ments de japo­nais. Aujourd’hui, après sept mois au Japon, je me risque pour la pre­mière fois à écrire, et les mots cou­lent d’eux-mêmes. Je prends le risque encore une fois d’en dire trop, ou pas assez, de mal dire ou de mal juger, mais le temps de la parole est venu. J’aime le Japon, et il fal­lait bien que je finisse par l’expri­mer : un amour qui ne s’exprime pas n’atteint pas sa plé­ni­tude. L’amour n’a pas tou­jours besoin de mots pour s’expri­mer, les « tai­seux » l’expri­ment par­fois bien mieux que les bavards, mais pour moi aujourd’hui, le temps est venu de poser des mots.

La langue et la culture

Ces mots sont en fran­çais, car en sept mois de Japon, j’ai appris, me semble-t-il, bien peu de japo­nais. J’ai pour­tant appris plu­sieurs lan­gues au cours de mes trente et une années de vie sur cette terre, et j’en parle au moins trois avec aisance. Cependant jamais aucune ne m’a résisté autant que le japo­nais, jamais aucune langue ne m’a contraint à une telle patience, jamais le quo­ti­dien n’a été autant indé­cryp­ta­ble et indes­crip­ti­ble que mon quo­ti­dien au Japon. Vous ne m’en vou­drez donc pas de ne pas par­ve­nir aujourd’hui à expli­quer les résis­tan­ces de cette langue, que j’étudie patiem­ment et assi­dû­ment, avec succès d’après mes résul- tats à l’école, avec grande dif­fi­culté d’après mes ten­ta­ti­ves de com­mu­ni­ca­tion !
Le Japon est une société tra­di­tion­nelle et post­mo­derne tout à la fois. C’est un cliché de dire cela, on trouve cette notion dans n’importe quel guide tou­ris­ti­que, pro­ba­ble­ment même dans toute bro­chure de voyage, mais la pro­fon­deur réelle de cet énoncé me laisse penser qu’il est oppor­tun de s’y attar­der.
La com­mu­ni­ca­tion dans la société japo­naise est extrê­me­ment codi­fiée, elle permet à chacun de trou­ver sa place et de la connaî­tre. A cette excep­tion près que « chacun » au Japon signi­fie­rait chaque Japonais. Les Japonais savent quel­que chose que les Européens igno­rent sur eux- mêmes, me semble-t-il : ils savent qu’ils pen­sent dif­fé­rem­ment, ils savent qu’ils vivent dif­fé­rem­ment, et ils savent que ce mode de vie n’est que très dif­fi­ci­le­ment acces­si­ble aux étrangers. Sans doute cela est-il plus vrai au Japon que n’importe où ailleurs, dans cette culture ancienne, pro­fon­dé­ment enra­ci­née, dans cet archi­pel du bout du monde qui n’a jamais été envahi et qui n’a pres­que jamais vécu de métis­sage. En impor­tant de lui-même la moder­nité occi­den­tale et en l’inté­grant à sa manière dès la deuxième moitié du XIXe siècle sous l’ère Meiji, le Japon a effec­tué sa révo­lu­tion sociale à sa manière, en contrô­lant soi­gneu­se­ment la per­méa­bi­lité de sa culture à celles dont il s’ins­pi­rait. Et encore aujourd’hui le « style japo­nais » et le « style occi- dental » se côtoient expli­ci­te­ment dans le quo­ti­dien japo­nais, com­mu­ni­quant sans se confon­dre, main­te­nant un dis­tin­guo datant de plus de 150 ans jusqu’à mar­quer pro­fon­dé­ment la culture popu­laire.

La place de l’étranger

Cette coexis­tence de deux styles de vie can­tonne l’étranger dans son statut d’étranger : du côté occi­den­tal. Il doit appren­dre de lui-même à cir­cu­ler dans cette dia­lec­ti­que en gar­dant cons­cience qu’elle ne lui est ni natu­relle ni véri- table­ment acces­si­ble. J’avais l’habi­tude de dire dans mes pre­miè­res années de sémi­naire que si la mis­sion tenait ses pro­mes­ses, je res­te­rai tou­jours un étranger dans le pays où les Missions Étrangères m’enver­raient. Il me reste pres­que toute une vie pour décou­vrir la teneur du vœu que je for­mu­lais alors.
Être un étranger est me semble-t-il une pos­ture chré­tienne,
non pas la pos­ture chré­tienne, mais une des options qui s’ouvrent à nous. L’Ancien Testament rap­pelle tout au long de ses pages que les fidè­les du Seigneur doi­vent se rap­pe­ler qu’ils sont des étrangers, des immi­grés sur une terre étrangère, et que cela les oblige (au sens d’être l’obligé de quelqu’un) à la gra­ti­tude pour ce qui leur est donné, et à la déli­ca­tesse vis-à-vis de ceux qui sont des étrangers au sens propre. Être un étranger au sens propre, c’est appren­dre à être un étranger au sens spi­ri­tuel, à avoir la déli­ca­tesse de l’igno­rant et la gra­ti­tude de celui qui est accueilli.
Je suis un étranger sur une terre étrangère, et cela devrait m’appren­dre, si je sais rendre grâce des dons que Dieu me fait, à tou­jours accueillir l’autre comme un bien­fait, comme une chance, à tou­jours savoir être accueilli comme quelqu’un qui a besoin de l’autre pour appren­dre à vivre. Vivre au Japon, c’est réap- pren­dre à vivre. Il faut réap­pren­dre à parler, et c’est un pro­ces­sus qui prend des années. Il faut également réap­pren­dre à mar­cher, car on ne peut se dépla­cer au Japon comme on se déplace en France, au risque d’être un éléphant dans un maga­sin de por­ce­laine. Tokyo est de noto­riété publi­que une ville très peu­plée et très agitée, se dépla­cer demande donc un nouvel appren­tis­sage, pour par­ve­nir à faire partie de cet orches­tre incroya­ble qu’est la foule tokyoïte, car une fausse note est vite un cri stri­dent au cœur du mou­ve­ment géné­ra­le­ment har­mo­nieux des flux humains. Comme dans un orches­tre, on ne se regarde pas, on se res­sent les uns les autres. Les Japonais res­sen­tent plus que nous, ils uti­li­sent les « peti­tes per­cep­tions » telles que Merleau-Ponty les reprend chez Leibnitz, ou plutôt telles que je leur vole aujourd’hui ce concept. Nos per­cep­tions ne mon­tent pas toutes indi­vi­duel­le­ment à notre cons­cience mais elles modi­fient nos maniè­res d’agir, il s’agit de tous ce que nos sens per­çoi­vent sans que nous y prê­tions direc­te­ment atten- tion. Ressentir les per­son­nes qui nous entou­rent, c’est savoir se mou­voir pour lais- ser les autres aller leur chemin sans effec­tuer d’écarts, c’est savoir aban­don­ner son siège dans le métro sans donner l’impres­sion que celui à qui je le des­ti­nais me soit rede­va­ble, c’est ajus­ter le son de sa voix à l’envi­ron­ne­ment, c’est savoir lors­que l’on doit pren­dre la parole et lors­que l’on doit se taire. C’est ainsi qu’un orches­tre fonc­tionne selon mon expé­rience : celui qui joue dans un orches­tre res­sent l’ensem­ble de l’orches­tre sans le regar­der, même celui qui le dirige n’est géné­ra­le­ment que dans la péri­phé­rie du champ visuel des musi­ciens, et son mou­ve­ment guide l’ensem­ble sans avoir à être regardé, il ne doit être que perçu. On ne regarde pas le mou­ve­ment du chef d’orches­tre, on n’écoute pas le son de chaque instru- ment, on res­sent l’ensem­ble de la res­pi­ra­tion par­ta­gée, pour que chacun puisse y jouer sa part le moment venu, dans l’envi­ron­ne­ment sonore adé­quat, et que soi-même on y trouve sa place.

Les codes sociaux et leurs exutoires

Trouver sa place, c’est sans doute le plus grand défi de ma vie, c’est peut-être même le plus grand défi de toute vie à notre époque. Cette place se trouve dans une rela­tion, je suis un fils, un frère, un ami, un concur­rent, un amant (si l’on consi­dère un « je » imper­son­nel bien sûr !), un mari, un père, un oncle, un chef, un subor­donné... Je suis un être aimant et aimé, voici ce qui me permet de trou­ver ma place.
Cela au Japon se res­sent beau- coup plus qu’il ne se dit. C’est un pro­ces­sus qui est donc beau­coup plus lent, c’est un pro­ces­sus déli­cat ou émoussé selon les per­cep­tions, mais c’est le pro­ces­sus de la culture japo­naise me semble-t-il.
Oh bien sûr, le monde change au Japon comme ailleurs, et tous les pro­ces­sus s’accé­lè­rent, mais il me semble que, relati- vement au quo­ti­dien fran­çais, le pro­ces­sus de mise en rela- tion pro­fonde est plus lent, plus déli­cat, fait d’entre­lacs plus com­pli­qués mais aussi plus raf­fi­nés.
Deux lieux sont répu­tés au Japon contour­ner ce sys- tème com­pli­qué : l’alcool et la nudité. Être ivre et être nu sont deux choses qui peu­vent entraî­ner un sen­ti­ment de honte ou de juge­ment en Europe, ce qu’on ne retrouve pas de la même manière au Japon. Tout Japonais sait se mettre phy­si­que­ment nu devant une autre per­sonne car depuis leur enfance ils fré­quen­tent les bains publics et les sour­ces ther­ma­les pour s’y laver et s’y relaxer. Être nu, c’est se libé­rer de tout un tas de pré­ju­gés sociaux, ce qui permet également de « se mettre à nu » : de lais­ser parler celui que l’on est vrai- ment au sein d’une société qui assi­gne à chacun d’être en rela­tion à l’autre selon son statut. Lorsque l’on est nu, les sta­tuts sociaux sau­tent, on est seu­le­ment soi. Pour quel­ques dizai­nes de minu­tes, notre place n’est plus un lieu social, il n’est qu’un lieu géo­gra­phi­que. Je ne suis plus dans un posi­tion­ne­ment hié­rar­chi­que, je suis celui qui est à côté de toi. Cela ne veut pas dire que nous par­le­rons, on est au contraire plutôt silen­cieux aux bains, mais si nous trou­vions une excuse pour nous parler, nous serions juste toi et moi. L’autre moment où l’on par­vient à être « seu­le­ment soi », c’est dans l’ivresse, car la perte de contrôle ne durera pas, et il est taci­te­ment admis que mes propos ne por­te­ront pas à consé­quence demain matin, d’ailleurs per­sonne ne m’en par­lera, même si je devais arri­ver en retard au tra­vail le len­de­main suite à une soirée entre col­lè­gues.
Ces deux déri­va­tifs notoi­res ne sont sans doute pas les seuls, mais ils per­met­tent de relâ­cher un peu la pres­sion d’une société où trou­ver sa place n’est pas sans devoir en payer le prix : celui de devoir tou­jours rester à la place qui est la sienne, laquelle, si elle est sus­cep­ti­ble d’évolution, n’est pas sus­cep­ti­ble d’écarts spon­ta­nés.

Mes joies et mes dif­fi­cultés dans les rela­tions

La place qui est la mienne dans tout cela est donc celle de l’étranger. L’étranger c’est avant tout celui qui ne connaît pas sa place, si tant est qu’il en ait une dans la société japo­naise. L’étranger est à la péri­phé­rie, il est la vis en trop d’un meuble Ikea : on sait bien que l’on en a besoin, mais on ne sait pas vrai­ment où la mettre...
Je crois que les Japonais aiment les étrangers, ils aiment cer­tai­ne­ment les Français, mais à l’excep­tion de ceux qui ont véri­ta­ble­ment vécu à l’étranger, qui connais­sent la teneur de ce statut, ils sont mal à l’aise face à eux. Se com­por­ter face à un étranger ne fait pas partie de l’étiquette japo­naise. On sait bien qu’on doit lui serrer la main pour le saluer « à sa manière », mais on ne sait guère com­ment s’adres­ser à lui, on vou­drait bien l’aider, mais on a tout aussi peur de le mettre dans l’embar­ras par trop d’empres­se­ment. On vou- drait lui appren­dre à pren­dre sa place dans le monde dans lequel il vit main­te­nant, mais on ne sait guère laquelle c’est. Les Japonais, me semble-t-il, par­vien­nent à faire coha­bi­ter en eux une grande humi­lité et une grande fierté, et l’étranger
est sans doute dans la néces­sité d’entrer aussi dans ce para­doxe. L’étranger fait l’ob- jet de beau­coup d’égards, ce qui gonfle bien sûr l’orgueil, puis­que l’on se sent impor- tant, mais on décou­vre aussi bien vite que ces égards sont impé­ra­tifs, que l’on ne sau­rait sur­vi­vre sans, et que les Japonais se sau­raient donc en faire l’économie. Cela amène à une grande humi­lité : on apprend à être l’objet d’une atten­tion per­ma­nente, comme l’est un enfant ; à cette dif­fé­rence que l’enfant n’a pas cons­cience du souci qu’il pro­vo­que, alors que l’adulte que je suis ne peut que le reconnaî­tre hum­ble­ment. Je suis ainsi une gêne pour la cais­sière de l’épicerie en bas de chez moi, qui ne peut faire autre­ment que de me parler un lan­gage très poli que je ne com­prends pas, mais qui ne peut pour autant me mettre dans l’embar­ras en met­tant au jour mon igno­rance. Alors nous fai­sons tous deux sem­blant de nous com­pren­dre, et tout se passe bien. Nous com­men­çons d’ailleurs à nous com­pren­dre un peu. Je suis un embar­ras pour mes pro­fes­seurs de japo­nais, à qui je ne ces­sais de deman­der pour­quoi, ques­tion si peu japo­naise qu’ils étaient bien en mal de me donner une réponse, car au Japon le monde n’a pas besoin de se com­pren­dre, il se vit tel qu’il est.
Je suis un embar­ras pour le jeune vicaire de la cathé­drale avec qui je concé­lè­bre pres­que chaque jour, car il vou­drait bien m’aider mais je ne com­prends pas ce qu’il me dit, et main­te­nant que je par­viens enfin à dis­cu­ter un peu avec lui, le sens pro­fond des propos qu’il m’adresse m’échappe encore. Nous en sommes tous les deux bien cons­cients, mais il serait par trop impoli de s’expri­mer trop direc­te­ment, alors nous fai­sons preuve de patience. J’étais bien déçu en décou­vrant qu’il ne buvait pas, ça aurait sans doute sim­pli­fié les choses, mais lors­que l’occa­sion se pré­sen­tera, et nous ne sau­rions la brus­quer, d’aller aux bains ensem­ble, il est pro­ba­ble que cette gêne se dis­si­pera un peu. Étrange, non ?

Les promesses de ma mission

J’espère être par­venu à vous emme­ner dans mon nou- veau monde sans qu’il vous paraisse irri­tant, il ne l’est pas. Il est certes inconfor­ta­ble par cer­tains aspects, mais pour la simple raison que j’y suis un étranger. Et il me semble qu’à ce jour la mis­sion tient ses pro- messes, car pour la pre­mière fois depuis bien des années,
j’ai l’impres­sion d’appren­dre à aimer plus, d’appren­dre à aimer mieux. Et il faut bien reconnaî­tre que je vis une époque mer­veilleuse de ma vie. Toutes mes mati­nées sont occu­pées à appren­dre une langue qui me fas­cine (dans un mélange soi­gneu­se­ment dosé de crainte et de fas­ci­na­tion) et mes après-midi et soi­rées par­ta­gées entre les devoirs, la décou­verte de Tokyo, et toutes les acti­vi­tés et ren­contres qui font un quo­ti­dien heu­reux et ren­dent l’esprit dis­po­ni­ble à l’étude le moment venu. Et il faut bien reconnaî­tre que cela com­mence à fonc­tion­ner : après quel­ques mois labo­rieux, je par­viens enfin à concélé- brer cor­rec­te­ment la messe du matin à la cathé­drale, à laquelle je me rends tous les matins ou pres­que, pour par­ta­ger la prière de ma paroisse. Je par­viens même par­fois à entre­te­nir des dis­cus­sions où je réus­sis non seu­le­ment à expri­mer ce que je veux dire, mais aussi à poser des ques­tions dont je com­prends par­fois la réponse ! Et comme la pro­vi­dence m’a permis de vivre dans une maison japo­naise désaf­fec­tée jusque-là et où je règne main­te­nant en maître sur les cou­rants d’air (et pro­ba­ble­ment quel­ques souris qui n’ont pas encore reconnu mon auto­rité...) tout en béné­fi­ciant du confort de la maison MEP de Tokyo qui y est acco­lée, j’apprends chaque jour à y rendre grâce pour les mer­veilles que le Seigneur fait pour moi, un étranger.
Vive la joie !

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